Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/223

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GEORGETTE, (au dehors.)

Non, Mademoiselle.

JESSIE.

Portez-la immédiatement dans l’auto et dites au chauffeur d’avancer.

BIANCA.

Comment ?… Est-ce que ?…

JESSIE.

Non… Réprime cet éclair de joie que je lis dans tes yeux. Non, je ne reprends pas encore mon métier et ma destinée… pas encore du moins ! Une halte, un refuge… Je l’accepte… Il m’offre sa maison de Chantilly… C’est là que, loin de tous, je vais laisser crever mon cœur !

(Il y a quelque chose encore de si amer et de si hostile dans la voix de Jessie que Bianca n’ose pas tenter une effusion et reste à distance.)
BIANCA.

Pauvre bébé, tu souffres atrocement !… Tu ne préfères pas rentrer à Paris avec moi demain ? Je sais bien que l’appartement est exigu pour toi… On te dresserait un lit dans le salon.

JESSIE.

Je ne trouverais pas un être en accord avec ma douleur… Je veux la liberté !

BIANCA.

Dire peut-être, après tout, que cet éloignement te sera bienfaisant… Resterons-nous en communication ?

JESSIE.

Je te téléphonerai dès demain.