Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/277

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MADAME CHAPARD.

Dites donc, ma fille… Tenez, j’avais tort tout à l’heure, j’étais à la rogne. Le voilà le vrai bonheur. Je ne l’ai jamais eu, moi, telle que vous me voyez.

(Jeanne évite de retourner la tête pour ne pas montrer ses larmes et parle de dos à Madame Chapard.)
JEANNE.

Le bonheur !… (En essuyant ses larmes du revers de sa manche.) Madame Chapard !

MADAME CHAPARD.

Ma fille !

JEANNE.

Le travail que vous me proposiez chez les gens à trois francs la journée, vous savez… Eh bien, ça y est ! j’accepte… Je suis libre, maintenant.

MADAME CHAPARD.

Parfait. Alors je vais les avertir. Quand commenceriez-vous ?

JEANNE.

Quand ?… Mais demain. Pourquoi pas ? C’est trop tôt ? Eh bien, après-demain. Il faut, n’est-ce pas ?… il faut ! Des femmes comme nous, ça ne peut pas se reposer bien longtemps sur la terre !

MADAME CHAPARD.

Fourrez-vous-le dans la caboche. Y a toujours un moment qui vient où c’est fini, la rigolade. Je vois bien que ça vous tracasse, hein ! ça vous embête de reprendre le collier. Acré, ma fille, si t’as eu du bon, tout au moins, c’est toujours ça de pris… Faut maintenant que ces petits didis (Elle lui tapote les mains.) se remettent à piquer