Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/314

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LEVASSEUR.

Ce qu’il est devenu ? Un petit employé de bureau, bien humble, bien obscur… Un de ces êtres effacés que l’on voit derrière une grille ou à la porte d’un bureau et dont on ne pense rien parce que ce sont des êtres subalternes… Du moins c’est tout ce que j’en ai jamais su, moi ! Je l’avais aidé à entrer à la gare du Nord. De là, il est passé au P.-L.-M. aux écritures.

PHILIPPE.

Mais il faut absolument faire quelque chose pour lui, le sortir de cette ornière !

LEVASSEUR, (le regardant avec intensité.)

N’est-ce pas ?… C’est ton avis ?…

PHILIPPE.

Absolument.

LEVASSEUR.

Je suis content que tel soit ton premier mouvement…

PHILIPPE.

C’est tout naturel.

LEVASSEUR.

Alors, si tu penses ce que tu dis, et je t’en félicite, Philippe, tu jugeras de mon émotion, de mon immense émotion, lorsque, tout à l’heure, la mère est venue m’annoncer que ce fils-là venait de mourir.

PHILIPPE.

Il est mort !…

LEVASSEUR.

D’une mort bien banale aujourd’hui, mort sur