Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/347

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LEVASSEUR.

Vous avez été blessé longtemps avant d’avoir été fait prisonnier ?

LE SOLDAT.

En même temps. J’ai été ramassé par les Boches. Et, précisément, c’est l’histoire que je suis chargé de vous raconter, si elle vous intéresse le moins du monde.

LEVASSEUR.

Si elle m’intéresse ! Comment !… Alors, vous étiez l’autre brave qui, avec Paul Boulard, vous êtes risqué dans les lignes ennemies ?

LE SOLDAT.

Oui, nous étions deux qui avions accepté de faire une patrouille. Un n’en est pas revenu… L’autre est tombé, et vous voyez qu’il a eu plus de veine que son camarade.

LEVASSEUR, (avec émotion.)

Et celui qui ne s’est pas relevé… a-t-il beaucoup souffert ?

LE SOLDAT.

Il est tombé raide, la tête fracassée. Il n’a pas dit ouf !

LEVASSEUR.

Dieu soit loué !… (Un temps.) C’était, comme vous disiez, un brave type !

LE SOLDAT.

Peuh ! comme les autres…