Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/294

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GEORGET, (riant.)

Eh bien, jouons à quelque chose… Un petit jeu innocent…

IRÈNE.

Vous faites bien d’enlever vos gants ! Dieu qu’ils sont laids !… Donnez-moi ça ; vous ne les remettrez plus… je vais les jeter dans le puits.

GEORGET.

Hé ! hé là ! pas de blague… rendez-les moi…

IRÈNE.

Jamais de la vie ! Ils ont besoin d’être salis un petit peu. La pluie leur fera du bien.

GEORGET.

Voulez-vous !… J’en ai besoin pour ce soir !…

IRÈNE.

Venez les prendre… Je vous défie de les attraper… morveux !…

GEORGET.

Ah ! si vous êtes polie, alors… (Comme une enfant en récréation, elle le défie du geste et de la voix. Leurs yeux amoureux brûlent à se fixer.) Je ne les attraperai pas ? Je ne les attraperai pas ?

(Avec de petits cris de joie, des rires, elle court et ils se cherchent de meuble en meuble sans voir les deux enfants, graves et accotés, qui les fixent sans bouger. Un moment Irène et Georget sortent en courant, par la porte du jardin.)