Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/334

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GEORGET, (montrant en souriant sa robe lâche, où elle paraît effectivement très nue.)

Et bien craquée encore !… Je ne m’en plains pas… C’est vrai, tu es autre, tu n’es plus la même maîtresse… Ce n’est pas l’hiver dernier, dans tes salons de l’avenue Friedland, que tu aurais osé une toilette pareille.

IRÈNE.

Ajoute tout de suite que je m’encanaille !… Ah ! si tu savais la joie que j’éprouve ! Je peux dire à mes bras : vous êtes libres d’être nus, d’être beaux, d’être roses, ne vous gênez pas… Ces petits doigts-là daignaient les bagues trop chargées ; ma gorge, les parfums trop forts… Maintenant, je ne suis plus que de l’amour. J’ai les ongles trop faits, les veines plus poudrées, les vêtements indécents, communs et lâches… et je laisse aller tout le corps, libre, heureux de ta maîtresse, comme un bouquet trop serré qui se dénoue tout à coup. Dieu qu’il fait bon !

GEORGET.

Ah ! quelle griserie monte de toi et de tes paroles ! Oui, c’est autre chose… Tu nous laisses dans une atmosphère extraordinaire qu’on emporte, ensuite, avec soi, partout, et qui enivre les heures les plus banales de la journée… à ce point que…

IRÈNE.

Que d’autres en profiteraient ?

GEORGET.

Non… mais presque. (Le domestique entre.) Prends garde !