Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/336

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charmante, notre voisine… très distinguée… un peu snob, mais charmante.

GEORGET.

Oui, un peu snob… Il faut penser qu’elle est cousine par alliance du président des États-Unis. Elle croit que cela lui crée des titres au respect des mufles.

IRÈNE.

Je ne l’aurais pas reçue chez moi !… Il est vrai qu’elle n’en sait rien !… La chose, précisément, que je trouve étrange, c’est que des gens aussi bien élevés qu’elle et sa mère, mettent tant d’insistance à frayer avec nous. Enfin, elles ne peuvent pas se faire d’illusion, franchement, sur notre situation irrégulière ?… S’il est une union qui ne laisse pas flotter de doutes, c’est la nôtre… Alors ?

GEORGET.

Oh ! les Américains, tu sais… En pays étranger, ils ferment les yeux devant nos mœurs de sauvages…

IRÈNE.

Les jeunes filles ne ferment jamais les yeux dans aucun pays, mon cher ; excepté quand elles sont en quête d’un mari et d’un titre… Un parti pour toi, tiens !

GEORGET.

Méchante ! je n’aime pas ce genre de plaisanteries de mauvais goût.

IRÈNE.

Je m’amuse. Tu peux voir miss Deacon tant