Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/62

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LE MARCHAND, s'animant.

Permettez vous aussi… Il s’amusait solidement, à la « sibérienne ». Je connais ça. Il avait bu un coup… Il ôte sa bague… et il dit : « Va, prends, tiens ! » Une poussée de sang, quoi ! Songez quel gaillard c’était, bougre !… moi, j’ai essayé la bague à l’audience : j’y entre les deux pouces… Ce n’était pas un doigt, c’était un concombre.

LE PROFESSEUR.

On ne donne pas ainsi une bague d’un grand prix à la première fille venue.

NEKLUDOFF.

Puisque Smielkow était ivre.

LE CAPITAINE, tirant un papier.

Ah ! pendant que j’y pense… J’attire votre attention sur une déposition fort singulière. La veille de l’empoisonnement, Maslowa avait dit à l’une de ses compagnes… j’ai noté textuellement la phrase… elle avait dit en parlant du malheureux (Il lit.) : Ce gros-là, il a de l'or plein ses bottes. Elle avait ajouté : Il me donnera ce que je voudrai.

LE MARCHAND.

Bon Dieu ! Tout le monde parle… Qu’aurait-elle fait de tant d’argent ?

LE PRÉSIDENT.

C’est un argument qu’on a déjà présenté.