Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/96

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pas de bonheur possible que je n’aie effacé cette chose sur la terre.

MISSY.

Quelle est donc cette faute si grave, Dimitri ?

NEKLUDOFF.

Je ne puis pas vous la révéler ; vous êtes trop jeune pour cette confidence, trop enfant pour cet aveu… Et cependant, vous aussi, vous faites partie de mon trouble… oui,… car depuis tout à l’heure, depuis que tout m’apparaît vil et lâche dans ma vie, et que j’avais envie de m’accuser devant tout le monde, vous n’étiez pas exempte de ma pensée ; je me disais : quoiqu’il m’en puisse coûter, j’avouerai tout… Je dirai la vérité à Missy… je lui dirai que je suis un débauché… que je ne puis pas me marier avec elle… et que je lui demande pardon de l’avoir troublée… Je demanderai pardon comme font les enfants.

MISSY, très pâle.

Il suffit. N’ajoutez pas un mot ! Je ne comprends pas la faute à laquelle vous faites allusion… mais je crois deviner de quoi il s’agit… oui, peut-être… Cela vous regarde… cela est à vous… c’est votre secret et non le mien… Faites. Quelque peine que cela puisse me causer, faites tout ce qu’il faudra faire, Dimitri, et ne vous occupez pas de moi… Venant de vous, cela ne peut être que très bien, n’est-ce pas ?… Allez là où vous devez aller.