Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/180

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disais pas !… Tu étais contente, tu envoyais des défis à l’avenir. Et puis, tu te prenais à murmurer un proverbe catalan, tu te rappelles : « Mère, donne-moi le bonheur et jette-moi à la vague ! »

GRÂCE, (les yeux perdus au loin.)

Mère, mère, donne-moi le bonheur !…

CLAUDE.

Eh bien, on ne te l’a pas donné, mais tu disais que tu l’avais pris avec toi, le bonheur… Nous nous sommes jetés avec lui dans la mer, et nous nous noyons, voilà… Le pauvre Claude ira au fond, ma petite madone… Ça ne surnage pas, le bonheur.

GRÂCE.

Ne crains rien, va ! et aie confiance dans ma parole jurée, Claude. (Lentement, lourdement.) Je te serai fidèle jusqu’à mon dernier souffle.

CLAUDE, (avec un soupir de soulagement.)

Merci… tu es bonne… Évidemment, ça n’est pas gai… cette chambre… cette vie… mais ça s’améliorera, tu verras… Je réussirai un jour. Et puis, après tout, on a ses moments de bon, tout de même. C’est monotone, mais enfin… le petit coin du feu… le dîner à deux… serrés…

GRÂCE, (répétant.)

Le dîner à deux…

CLAUDE.

La promenade du dimanche. Les partitions déchiffrées…