Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/163

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sentiment… Un danger !… Pour qu’elle écrive ainsi, c’est ta vie qui doit être en jeu. Avais-je assez raison de vouloir que tu restes enfermé ?… Reçois-la vite, je vais entrer dans ma chambre.

ARMAURY.

Mais non, mon enfant ; pourquoi la recevoir et pourquoi s’émouvoir comme tu le fais ? Billevesées tout ça, chimères de femme !… Il n’y a rien à craindre.

DIANE.

Oh ! les femmes ont un sentiment du danger que les hommes n’ont pas… (Elle reprend la lettre.) Il n’y a qu’à voir l’écriture de cette lettre. Reçois-la, je t’en supplie, je t’en supplie… il faut savoir…

ARMAURY.

Eh bien, je vais descendre.

DIANE, (revenant à lui.)

Ça, jamais ! Je te jure bien que tu ne sortiras pas d’ici. Non, non… ce que demande ta femme est parfaitement légitime. Je sais bien, va, que des époux comme vous sont destinés à se rencontrer, c’est fatal… Le tout pour moi est d’être sûre de ta volonté et je n’ai plus peur. Un danger est dans l’air, qu’il faut conjurer à tout prix. Qu’est-ce que les convenances peuvent bien faire là-dedans, grand Dieu ! Nous n’en sommes plus là !… Elle a parfaitement bien fait de venir… il faut savoir !… N’y mets pas d’amour-propre, Marcel, je t’en supplie à mon tour. (Elle ouvre la porte.) Dites à cette dame qu’elle peut venir, qu’on l’attend…

(Elle referme la porte.)
ARMAURY.

Allons, voyons donc… ma gosse, regarde-moi sourire… fillette !… Nous sommes bien plus forts