Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ELLE.


Comment, après ? Mais c’est suffisant. Le porteur
d’une chose pareille est presque un être à part,
un être atteint de palpitations de cœur,
que l’on accueille plus doucement, d’un regard
très attentif, avec plus de soin dans le geste,
de la câlinerie… Un chagrin précieux
est en vous. On a bien, quand vous entrez, du reste,
cette impression-là. Vous êtes presque deux.

LUI.


Presque deux !

ELLE.


Presque deux !C’est comme une sorte de présence.

LUI.


La présence que laisse en nous toute l’absence !

ELLE.


Songez ! une rupture aussi célèbre !… Toutes
nous nous intéressons à votre mal !

LUI.


nous nous intéressons à votre mal !Vraiment ?

ELLE.


N’avez-vous pas failli mourir ?

LUI.


N’avez-vous pas failli mourir ?Oh ! je redoute
ce genre d’évocation !

ELLE.


ce genre d’évocation !Je vous comprends ;
mais…

LUI, (l’interrompant.)


mais…Non ; cela fait mal bien inutilement.
Et puis, pourquoi savoir ? C’est un mal triste et pauvre.
C’est un chagrin commun très semblable à mille autres.