Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/23

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voilà un qui n’en a pas fini avec moi ! Si je le tenais par le menton… là… au bout du bras…

L’ABBÉ.

Contenez-vous, Monsieur le duc. Du calme ! Il importe que vous restiez maître de vous… pas d’éclat surtout, pas d’éclat !… Qu’arriverait-il ? Songez !… Êtes-vous même certain que vous ne vous livrez pas à des suppositions exagérées ?

LE DUC.

Pas de doute, allez ! pas le plus petit espoir à garder !… Si vous connaissiez les papiers infâmes, les révélations sordides… Oh ! quelle horreur que cette correspondance !… la faute complaisante de mon enfant, son consentement satisfait ! Mais elle n’est pas coupable, après tout… Séduire une enfant de dix-huit ans ! Comme c’est difficile de l’amener au vice ! Est-il possible qu’un homme de quarante ans puisse oser une pareille lâcheté ! Ah ! c’est vrai, il n’a pas d’enfant, celui-là…

L’ABBÉ.

Se doute-t-il que vous êtes au courant de sa conduite ?

LE DUC.

Non, pas encore, pas encore. C’est hier soir que nous avons tout appris, en trouvant dans la poche du manteau tailleur de ma fille, — leur boîte à lettres ! — un mot de rendez-vous qu’il y avait glissé car il est venu hier ici nous rendre visite, comme d’habitude. C’était un intime.

L’ABBÉ.

Mais, Monsieur le duc, êtes-vous absolument certain que la faute de votre fille soit complète…