Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/127

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son épaule, alors elle incline la tête du côté de la main et avec un soupir y laisse reposer sa joue d’abord, puis le coin de ses lèvres. Il lui relève la tête, et, sans se hâter, l’embrasse sur le front. Changeant subitement de ton.) Vous verrez, tout cela s’arrangera très bien, très bien ! Il faut vous marier sans regret…

NELLIE.

Il faut ?… Alors, c’est bien sûr ?…

MAURICE.

Mais oui… Vous allez me raconter tout… Votre fiancé… comment il est… vos projets… (Il s’interrompt.) Vous avez votre soirée libre, n’est-ce pas ? Vous vous êtes arrangée pour vous rendre libre ?

NELLIE, (pudiquement.)

C’est-à-dire… ça s’est arrangé tout seul. Mon père ne rentrera pas avant minuit, une heure du matin… Alors, je dîne chez une amie intime à moi.

MAURICE, (riant.)

Parfait. Eh bien ! Savez-vous ce que nous allons faire ? Moi aussi, je suis libre. Voulez-vous que nous allions, le soir tombé, en bons amis, en bons petits camarades, dîner dans un endroit où on ne pourra pas vous rencontrer… dans la banlieue ? À cette époque, il n’y a personne. Un petit restaurant pas connu et un peu purée… Vous me raconterez… je vous raconterai… Puis, bras dessus, bras dessous, je vous accompagnerai, à onze heures, jusqu’à votre porte… Et on se dira adieu… et bonne chance !… Ça ne vous effraie pas ?… Ça ne vous paraît pas trop vulgaire ?…

NELLIE.

Je ferai ce que vous voudrez.