Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/134

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crédule !… Comment veux-tu ?… Je considérais que ne pas lui demander le mariage c’était une délicatesse, de ma part, dont il me serait reconnaissant. Et puis, tu n’as pas idée… je l’aimais trop pour ne pas avoir en moi cette chose folle, la confiance !… Au fond, je ne sais pas calculer !… Et comme on a tort de ne pas savoir !… Ah ! le plus mauvais des calculs, c’est d’aimer !… Parce qu’au bout du bonheur on est toujours roulée ! D’abord, nous sommes toujours toutes roulées !…

MAURICE.

Qu’as-tu fait depuis tout à l’heure ?…

LIANE.

J’ai sauté dans l’auto… J’ai été à la Chambre des députés… Je suis montée comme une brute là-haut… J’ai écouté dans le brouhaha… Je suis redescendue… J’ai couru chez Myrtille ; elle n’y était pas… et puis, enfin, je me suis postée à attendre au tournant de chez lui…

MAURICE.

Ah !

LIANE.

Dans un taxi, pour voir s’il allait rentrer après la Chambre… J’ai entendu crier les journaux… J’ai vu son nom sur la manchette du journal : Discours de Monsieur Rantz. C’était pour moi comme le nom d’un étranger, déjà !… Rantz ! Il me semblait que c’était déjà loin, loin !…

MAURICE.

Après, après.

LIANE.

Il est arrivé, il est descendu… Il fumait tranquillement un cigare… Il est monté…