Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/158

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raison d’être blonde ! Tenez, asseyez-vous là !… Regardez-moi bien encore, sans rien dire, que je lise ce qui se passe dans votre petite tête ! (Il a poussé le fauteuil contre la salamandre, elle s’est assise, il lui lève le menton avec un doigt et la considère.) C’est bien !…

NELLIE, (troublée de ce regard plus scrutateur.)

Vous ne me regardez plus de la même façon que tout à l’heure !… On dirait qu’il y a quelque chose de changé.

MAURICE, (tristement.)

Il y a quelque chose de changé, en effet… Tout va si vite dans la vie… beaucoup plus vite qu’on ne le voudrait… (Il s’assied familièrement à côté d’elle à califourchon sur une chaise.) Oui, nous allons passer la soirée ici, ensemble, ce sera très gentil, très calme… Écoutez la pluie au dehors !…

NELLIE.

J’adore ce bruit-là !…

MAURICE.

Je souhaite qu’il pleuve longtemps ainsi… Nous resterons près du feu… nous causerons, nous fumerons… Et puis, si vous vous sentez fatiguée, ma petite amie, alors vous fermerez les yeux, et très fraternellement, mais oui, très chastement, je vous porterai sur mon petit lit de garçon, vous dormirez, et moi, pendant ce temps, je bouquinerai, je rêvasserai… je… (Il s’arrête.) Oui, je sens que vous ne comprenez pas très bien. Je vous devine à la fois étonnée… confiante… et un peu craintive…

NELLIE.

Je ne cherche pas à comprendre. Je vous ai dit tout à l’heure que je vous obéirais !