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Scène VI


RANTZ, RAYMOND, puis FRANÇOIS

RANTZ, (ouvre la porte du salon d’attente, et changeant de ton, très maître de lui.)

Entrez, Raymond. (Raymond entre.) Ce sont des adieux, Raymond.

RAYMOND, ( en splendide veston havane.)

Ah ! Monsieur ne peut pas se douter du chagrin que ça me fait ! Je ne puis pas m’habituer à l’idée que Monsieur va quitter Madame.

RANTZ.

C’est pourtant ainsi. Je vous ai fait venir, car bien que vous n’ayez jamais été attaché à mon service, j’estime que vous m’avez été toutefois très fidèle et je ne veux pas me séparer de vous sans vous donner une gratification.

RAYMOND.

Oh ! Monsieur est trop bon ! Je ne sais si je dois accepter… (Rantz va à la table, sort d’un tiroir un portefeuille et met sous enveloppe quelques billets ; il tend l’enveloppe. Raymond s’avance, puis hésite.) Tout réfléchi, je ne crois pas devoir accepter.

RANTZ.

Prenez donc… c’est la moindre des choses.

(Il jette l’enveloppe sur la table.)
RAYMOND, (la prend, la glisse dans sa poche avec un geste de désespoir, puis il cherche une larme.)

Monsieur ne peut pas se douter, non. Monsieur ne peut pas se douter de la peine que cela me fait…