Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/196

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causer avec vous de cette séparation cruelle, douloureuse, qui a l’air de vous affecter si considérablement… Vous avez rendu la chose impossible.

(Cette fois, il brise définitivement et montre encore la porte. Un temps.)
MAURICE.

Alors, je suis au regret… mais… je n’ai pas d’autre moyen. (Il ouvre son veston, sort les papiers qu’il y a placés, après les avoir retirés du sac, et les montre de loin à Rantz.) Voyez-vous ça ? C’est : 1° le reçu fait par l’éleveur au jockey Bowling du cheval substitué à Liverpool pour le Derby de 1900 ; 2° une dépêche de vous assez dangereuse ; 3°…

RANTZ, (ne le laissant pas achever.)

Ah ! les manœuvres de chantage ! Il fallait s’y attendre. Vous êtes un joli coco !

MAURICE.

Évidemment, il y a mieux, mais c’est plus cher !… Je poursuis. Ce n’est pas du chantage, ce sera, si vous m’y forcez, une vengeance ! Demain, ce soir même, peut-être, ces documents seront livrés à un important journal. Je suis tranquille, une interpellation viendra, et vous serez déboulonné.

RANTZ, (dans un rire sonore.)

Ah ! ah ! votre naïveté juvénile l’emporte encore sur votre malpropreté ! Ces documents ne signifient rien ! Ils ne peuvent entacher ni ma conduite ni ma vie, et aux mains des misérables qui s’en serviront, ils ne peuvent prouver qu’une chose…

MAURICE, (l’interrompant.)

C’est que, légèrement, vous avez extorqué au public gogo de trois à quatre cent mille francs.