Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/219

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face de Paris, vont devenir des personnages normaux, graves… ce n’est pas assez… officiels !… Tant pis pour les gouailleries ! Je tiendrai tête, puisqu’il en est ainsi. J’accepte cette tentative sur des fondements nouveaux. De toi dépend, de toi seule, le miracle de notre régénérescence…

LIANE.

Mais c’est l’idéal ! Le ciel ! Le paradis !… La réalisation de mon plus grand rêve !… Ah ! tu vas voir, par exemple !… Dieu que je suis contente ! Je me renouvellerai toute… Tu verras… Je serai ta femme aimante, obéissante… Tu n’auras plus à me reprocher une discussion, une aigreur…

RANTZ.

Le pourras-tu ?… Tu te reformeras ?… Tu te soumettras ?… Tu ne referas plus ta vie tous les matins ?

*[[1]LIANE.

Puisque tu l’auras comblée !… Mais… dis, dis, rassure-moi encore… les deux sous d’amour, est-ce qu’ils sont dans la balance ?

RANTZ.

Liane, soyons francs, nous avons perdu l’habitude de l’amour ! Je ne demande pas mieux que de la reprendre, mais il y aura du travail ! Nous avons contracté une autre habitude, celle de nous haïr pendant des années, ou d’arriver presque à le croire, à nous le dire et à nous juger avec une cruauté et une sévérité sans pareilles. C’est d’ailleurs absurde. Quand on est ensemble depuis dix-sept ans, il ne faut plus se juger, il ne faut pas se

  1. (*) Le texte placé entre deux astérisques est supprimé à la représentation.