Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/223

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RANTZ.

Mon Dieu !… Le petit Raoul n’est pas encore en âge de bien se rendre compte…

LIANE.

Et elle ? Elle a accepté ?…

RANTZ.

Ah ! elle !… Quoique nous ayons évité de traiter ce sujet, Liane, inutile de te cacher que la malheureuse enfant est dans un état effroyable et que nos rapports à tous les deux ont une apparence plus que froide… Elle a repris sa place à la maison… avec une dignité froissée… Elle ne desserre par les dents… que pour en laisser échapper certaines paroles… (Il s’interrompt.) Enfin, nous causerons de Nellie, si tu veux, mais pour l’instant c’est secondaire… Je veux, dis-je, te présenter mes enfants.

LIANE, (étonnée.)

Ici… ? Tu aurais pu ne pas les contraindre à se rendre chez moi, surtout après ce qui s’est passé !… Qu’est-ce qu’elle a dit, Nellie, quand tu lui as annoncé ce projet de visite ?

RANTZ.

Rien. Motus. Deux minutes après elle s’est levée de table. Elle est montée dans sa chambre… Mais n’importe… n’importe… Liane, je suis sûr, je suis sûr que tu aimeras mes enfants comme si tu étais leur propre mère.

LIANE.

Tu verras ! Je ne te promets pas seulement de les aimer, de les chérir… je te promets de me faire peu à peu aimer d’eux. Quand les as-tu convoqués ? Car, enfin, c’est pour moi une grosse émotion !