Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DARNIS.

Je ne sais d’ailleurs pas pourquoi la famille va dénicher cette vieille histoire d’héritage ? Quand bien même ces aventures de jeunesse auraient constitué le premier casier du coffre-fort, depuis elle a eu des sources de revenus tellement avérées, contrôlables, un casino, un quart de ville d’eau qui lui appartiennent en propre… et puis ce journal de mode et d’élégance avec Pierre Lafaute.

ARNOULD.

Qui n’a pas réussi et où je n’ai pas pu faire passer la plus petite annonce.

ALLARD.

Vous connaissez le proverbe, « L’argent n’a pas d’odeur à partir d’un million !… Au delà, il commence à sentir bon. »

MADAME DE CHEVRIGNY.

Enfin… Messieurs, tout cela est si loin !… Sa vie est devenue irréprochable et d’une correction parfaite. Ce qui est de notoriété publique, c’est que de son argent elle a fait mille générosités… Elle m’a, à moi-même, donné cinquante mille francs pour une pouponnière. D’ailleurs, elle est reçue un peu partout malgré ses libres allures.

DARNIS, (avec une grande admiration, snob.)

Grâce à vous, Madame, qui lui avez ouvert bien des salons et une société où elle n’aurait pas été introduite sans votre patronage.

ARNOULD.

Même retirée des voitures !

MADAME DE CHEVRIGNY, (condescendante et protectrice.)

Mon Dieu, Monsieur, j’adore les artistes. Ce