Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/320

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HENRIETTE.

Toutes choses qui ne font nullement partie de notre discussion actuelle !

HONORINE, (commençant à ne pouvoir plus se retenir.)

Pardon, pardon ! C’est que ça en fait terriblement partie ! Dans cette maison, ce sont les rôles renversés ! Si je ne t’avais pas laissé prendre cette habitude de me traiter en pauvre d’esprit, tu ne me parlerais pas, aujourd’hui, sur ce petit ton suffisant et supérieur, qui n’est pas de circonstance… je t’assure…

HENRIETTE.

Je ne prends aucun ton supérieur ; je te crois même moins légère qu’il ne t’a plu de le paraître. Peut-être as-tu volontairement abrité ta vie sous cet aspect capricieux qui t’est naturel, certes, mais que dément parfois ta volonté brusque ou réfléchie.

HONORINE.

Comme aujourd’hui, n’est-ce pas ?… C’est que la prétention, que l’on vient d’élever, de me sacrifier dans un mariage qui me mettrait d’accord avec la société, mais qui serait pour moi la pire des fins, cette prétention-là est abusive et me fend le cœur… parce que l’idée vient peut-être de toi !

HENRIETTE.

Ce n’est pas vrai !

HONORINE.

Tant mieux pour toi, alors !

HENRIETTE.

Tu as vécu en dehors de la société, et ceux qui vivent en dehors d’elle, la société ne se permet