Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

HENRIETTE.

Tu me l’as redemandé dès mon arrivée à Paris : « Et ton sauf-conduit ? » Je te l’ai lancé en criant : « Je ne tiens pas à le garder va ! Si tu crois que c’est gai de lire dessus cette inscription : « Père inconnu ».

HONORINE.

Ma pauvre petite, oui, je me souviens, comme si j’y étais encore… tu as claqué la porte.

HENRIETTE.

Tu m’as entendu claquer la porte, mais t’es-tu doutée que la petite fille montait dans sa chambre pour étouffer ses sanglots et que, pour la première fois, elle s’est mise à maudire toute l’injustice et la saleté de la vie ?…

(Elle va s’asseoir, la tête tournée de l’autre côté de sa mère, et refoule des larmes.)
HONORINE.

Ma chérie… ma pauvre petite Henriette… Je sais bien que tu as souffert… ce que je donnerais de ma vie pour que ces souffrances t’aient été épargnées !… Tiens, tu me bouleverses. Je t’aime tant !…

HENRIETTE, (se relève et va près de sa mère.)

Eh bien !… c’est justement… alors ? Si tu m’aimes… j’ai tellement souffert de notre irrégularité à toutes deux !… Maman… j’en ai horreur… Oh ! mais une horreur !…

HONORINE.

Je le sais.

HENRIETTE.

Une occasion inespérée s’offre… inespérée… le