Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/375

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JUSSIEUX.

Eh bien ! vous avez tort. C’est un crime, soyez gaie, soyez jeune, profitez-en, petite malheureuse. Croyez-en l’homme mûr qui vous parle !… (Il se lève et s’anime.) Ah ! la jeunesse, il n’y a que cela d’absolument beau dans la vie ! Tout le reste est vain !… Alors vous ne vous êtes pas roulée dans le foin. Vous n’avez pas joué à chat perché ? Vous ne vous êtes pas enivrée de sport et d’espace ?

HENRIETTE.

J’ai fréquenté les cours de la Sorbonne. Je me suis occupée beaucoup d’ouvroirs, j’ai été dans les hôpitaux.

JUSSIEUX, (marchant.)

Horreur, horreur, je vois ça d’ici ! Comment vous appelez-vous au fait ?

HENRIETTE.

Henriette.

JUSSIEUX.

Les femmes savantes ?

HENRIETTE.

Mais il y a un diminutif, « Rirette », pour les intimes.

JUSSIEUX.

Rirette ! À la bonne heure, c’est adorable ! Nono, Rirette ; l’un dérive de l’autre !… Vous montez à cheval ? Vous dansez, j’espère ?

HENRIETTE.

Et des danses que vous ne dansiez pas de votre temps !

JUSSIEUX, (il s’emballe.)

Quoi ? le tango ? Mais c’est nous qui l’avons