Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/158

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BLONDEL.

Mais si. Vous avez fabriqué tous les deux cette histoire dans laquelle nous avons tous coupé, ta femme comme les autres… J’y vois clair enfin !

BOUGUET.

C’est maintenant que tu t’enfonces dans les ténèbres ! Hélas ! j’ai envie pour toi de crier au secours !

BLONDEL.

Au secours ! oui : tu le peux ! mais pour ton compte ! Tu as été le premier, entends-tu, l’unique, le seul amant !

BOUGUET.

Non !

BLONDEL.

Et tu l’es encore, cet amant, toi qui descends de la chambre où tu la rejoignais comme d’habitude !… Et, depuis deux mois, vous continuez vos trahisons ! Tu t’es servi de moi comme j’ai toujours été le domestique de ta gloire. Toute ta vie, tu t’es servi de moi !… Et ce dernier acte couronne ta carrière d’ami !…

BOUGUET.

Ah ! tu blasphèmes l’amitié !

BLONDEL.

L’amitié ! Tartufe ! Mais c’est mon tour, maintenant. C’est le tour de l’ami, du vieux collaborateur… Ah ! ah ! je vais secouer toute ma boue ! Attends un peu. Tu y passeras en entier, toi et ta gloire avec toi !

(À ce moment la fenêtre s’ouvre. Edwige passe peureusement la tête.)
EDWIGE.

Qu’y a-t-il ? Qu’y a-t-il ?