Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/183

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produit, je n’irai tout de même pas jusqu’à la fumer !

MARCELLE, (lui baisant le front pendant qu’on l’étend avec mille précautions sur le canapé et qu’on met des oreillers.)

Père chéri ! Quelle émotion tu m’as faite !

PRAVIELLE.

Doucement, doucement !… Encore un coussin…

MADAME BOUGUET, (de loin, interroge.)

Messieurs, ce n’est rien ? Pravielle, dites, dites-moi ?…

(Madame Bouguet est restée exprès un peu éloignée. L’émotion l’empêche de parler. Une douloureuse attitude de dignité froissée.)
PRAVIELLE.

Non, Madame, ce sera, rassurez-vous, peu de chose. Du premier examen rapide, nous avons conclu que la balle n’a pas atteint le poumon. Elle a contourné la paroi thoracique et doit se trouver à quelques centimètres de l’omoplate.

BOUGUET, (souriant.)

C’est un très joli logement !

HERNERT.

Vous voyez, il fait des mots. Il n’est pas bien malade !

PRAVIELLE.

L’extraction sera, je pense, très aisée… Sans quoi, nous n’aurions pas toléré l’imprudence qu’il vient de faire, car c’est une imprudence tout de même de s’être levé ! Mais, il tenait tant à ce que vous le voyiez debout ! Je n’ai pas osé le lui interdire. Après la radiographie, il faudra par exemple qu’il demeure couché et les bras immobiles plusieurs jours…