Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/241

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FRÉDÉRIQUE, (avec un peu de rouge au visage.)

Je vous en prie !

JULIEN.

Ah ! vos prêtres, cette religion, comme je les déteste ! Je me suis épuisé contre des ennemis invincibles… car vous ne me voyez plus, mais ma mère m’a trouvé changé à un point extraordinaire ! Je suis devenu nerveux, irascible. Je me sens positivement à bout de patience. Si vous m’aimez, faites attention, ma tendre amie ! Je ne devrais pas vous parler grossièrement comme je le fais, à vous qui êtes la délicatesse même et qui avez sur vous-même des pouvoirs et des dominations que je n’ai pas… mais il est nécessaire que vous sachiez où j’en suis…

FRÉDÉRIQUE, (dans une interrogation naïve et peinée, mais sans y croire.)

Alors vous ne m’aimez plus ?

JULIEN.

Mais si, mais si… je vous aime toujours et c’est bien ce qu’il y a de terrible ! Seulement, je déclare que ma vie n’est plus acceptable.

FRÉDÉRIQUE.

Et la mienne, donc, Julien qu’en faites-vous ? Et mes mérites, et mes épreuves, et mes tentations ?

JULIEN.

Mais non, vous n’en avez pas !

FRÉDÉRIQUE.

Hélas !

JULIEN.

Ce n’est pas vrai !… ou vous n’en souffrez pas, ce qui revient au même !…