Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/348

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tances… (Mais il s’arrête, étonné de voir précisément sa femme se reculer jusque dans le fond de la pièce.) Où vas-tu ? Que fais-tu ?…

ÉVELINE, (glacée, métamorphosée tout à coup.)

Sois tranquille, je reste !… Mais je regarde de plus loin… j’ai besoin de voir de loin ta figure… l’expression pour moi si nouvelle de ton visage… (Elle le fixe avec des yeux avides. Puis sur un ton froid.) Tu peux parler…

JULIEN.

J’ai connu Madame Tessier chez Madame Picquart, il y a environ deux ans et demi. Son mari m’ayant appelé chez lui pour une affaire, je me suis trouvé tout de suite en présence de la femme ; elle a déployé à mon égard toute une stratégie de séduction…

ÉVELINE, (l’interrompant.)

Mais, comment se fait-il que tu oses parler de tout cela devant Madame Ulric ? Tu n’as donc pas une pudeur qui te retienne ? Un autre homme serait couvert de honte… Et vous-même, Madame Ulric, comment se fait-il que vous écoutiez cet aveu comme si vous en aviez déjà été la confidente… depuis longtemps ?

FRÉDÉRIQUE, (vivement et troublée devant l’accent de l’interrogation.)

Mais, Éveline, n’est-ce pas vous qui venez d’exiger de moi que je demeure à vos côtés ?… Vous avez réclamé mon aide, ma présence… Il m’était déjà pénible de vous obéir, mais votre cri de souffrance m’a retenue