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MIGUEL.

Et j’ai pu croire… Tu me disais que sa vertu n’était qu’une comédie !…

VERTIGO.

Elle… la perle d’Elizondo !…

MIGUEL.

Oh ! mon Dieu !… Je comprends maintenant son courroux !… Je l’ai outragée… et tout cela grâce à toi !… Ah ! misérable, tu mériterais que je te fisse punir par le corrégidor.

VERTIGO.

Le corrégidor ?… Je joue du serpent à la messe devant lui… à midi… Voilà tout ce que je peux faire pour le corrégidor. (Tirant sa montre.) À midi… et il est une heure…, je n’ai que le temps… Adieu, Miguel…[1] Adieu, mon bon Miguel, embrasse-moi. Miguel, je t’aime… Tu ne veux pas m’embrasser !… Méchant, va…

(Il sort en trébuchant par le premier plan, à gauche.)


Scène X.

MIGUEL, seul.

C’est clair ! je suis un niais… Cet imbécile m’a mystifié, et elle !… elle m’a traité comme on ne traiterait pas un batelier asturien !… Que se passe-t-il donc en moi ?… À Madrid, une tentative perdue, j’en prenais gaîment mon parti, et j’allais chercher fortune ailleurs… Ici, je n’ai personne pour témoin de ma défaite, et pourtant… je pleure de rage et j’ai honte de moi-même… Ah ! c’est que, je le vois trop tard, Manuelita ne ressemble point aux femmes que j’ai connues à Madrid !…

COUPLETS.
I.
––––––––Jadis d’humeur légère
––––––––J’étais heureux là-bas !
––––––––Qu’un amour éphémère
––––––––Avait pour moi d’appas !…
––––––––Hélas ! tout le mystère,
––––––––C’est que je n’aimais pas.
  1. Miguel, Vertigo.