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les époques ou l’art a été en honneur. Dans les hypogées de l’antique Égypte, ce n’est pas tel ou tel lion que l’on voit peint sur les parois, mais le lion dans toute la majesté des lignes sobres et immuables de sa race[1]. Pourquoi la Vénus de Milo d’un côté, la Vierge du portail nord du transept de Notre Dame de Paris de l’autre, expriment-elles à un si haut degré, avec leur physionomie impersonnelle, l’une la beauté féminine grecque, l’autre la beauté féminine française au xiiie siècle ? Uniquement parce que les grands artistes inconnus qui les taillèrent dans le marbre et la pierre, avaient exécuté dans leur esprit, en face des plus belles femmes de leur temps, le travail d’analyse et de synthèse que la Photographie se charge d’accomplir aujourd’hui pour nous[2].

Chose digne de remarque, le portrait type que l’on obtient par le procédé dont nous nous occupons est

  1. Ch. Blanc, Voyage dans la Haute-Égypte, p. 316. « Les formes essentielles de l’animal étant résumées, ont été par cela même agrandies et, les détails s’effaçant, il n’est resté que l’espace dans sa signification la plus énergique. »
  2. Viollet-le-Duc, Dictionnaire d’architecture, t. VIII, p. 166. « Cependant, comme il arrive toujours au sein d’une école de statuaire déjà développée (au xiiie siècle), on inclinait à admettre un canon du beau. Ce canon, qui était loin d’avoir la valeur de ceux admis par les artistes de la belle antiquité grecque, avait un mérite, il nous appartenait ; il était établi sur l’observation des types français, il possédait son originalité native. »