Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/112

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récoltes, aux fabrications, aux transports, aux achats, aux ventes, aux consommations.

Quand un homme éclairé jettera les yeux sur le spectacle ancien et moderne des Nations connues, il sera sans doute effrayé du nombre d’hommes, de soins, de travaux, même d’efforts d’esprit, [226] j’oserois presque dire de génie, employés pour établir ces monopoles, ces exactions, ces obstacles de toute espece.

Le résultat de ces inventions, de ces travaux, c’est qu’il y a moins de récoltes, moins de fabrications, moins de voitures, moins d’achats et de ventes, moins de consommations ou de jouissances ; donc moins de commerce proprement dit, comme aussi moins de bien-être pour les hommes ; et même moins de trafiquants et moins de profit total à partager entre eux.

La cause des illusions que la politique moderne s’étoit faites à cet égard, est le profit mercantil, c’est à dire, la somme de salaires et bénéfices qui sont recueillis par les agents accidentels du commerce, pour prix de leurs soins, pour intérêt de leurs avances, pour compensation de leurs risques.

Ce profit n’est jamais que la valeur d’une portion médiocre des objets com[227]mercés. Quand il y a liberté, immunité, facilités, tous les Négociants conviendront que la dixieme partie de cette valeur est un profit honnête pour le trafic.

Or ce profit mercantil d’un dixieme se concentre naturellement dans quelques ports, quant aux objets qui sont voiturés en grand par mer. Dans ces mêmes ports se trouvent aussi rassemblés presque tous les agents du voiturage par eau, avec plusieurs de ceux qui voiturent par terre.

C’est vers l’embouchure des grosses rivieres et des grands fleuves que se forment tout naturellement ces Villes de trafic, appellées Villes de commerce.

Là donc se font les grands mouvemens du voiturage ; là passent de gros capitaux en argent, pour solde des échanges respectifs ; là se concentrent les bénéfices mercantils. Ce spectacle a ébloui la cupidité des politiques.

On a oublié que tous ces mouvemens [228] ne sont qu’une scene intermédiaire, accessoire et accidentelle, qu’il y en a d’essentielles antérieures, et d’autres postérieures non moins essentielles : cependant rien n’est plus évident.

Les antérieures sont la culture, la récolte des matieres premieres