Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/140

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Mais comment l’intelligence humaine peut-elle organiser une société policée de telle maniere qu’il en résulte ce pouvoir d’exercer l’autorité tutélaire et bienfaisante, avec cette impossibilité d’abuser des forces au préjudice des propriétés et des libertés ? C’est un des plus grands et des plus importants problêmes de l’art social. Les plus grands génies de l’antiquité, les plus illustres d’entre les philosophes modernes, se sont occupés de la solution de ce problême, et leurs opinions spéculatives n’ont pas été moins variées que les systêmes pratiques des nations anciennes et nouvelles. Deux objets principaux qu’on a communément beaucoup moins considérés que tous les autres, sont pourtant la clef de toutes les difficultés réelles ou apparentes de ce problême. L’un est celui qui fournit les vrais moyens d’exercer l’autorité, l’autre est celui qui empêche le plus qu’il est possible que nul n’abuse de ces moyens, en faisant un emploi déraisonnable, injuste et fatal des forces qu’ils rassemblent. C’est ici le lieu de développer ces deux grands objets, les plus essentiels de ceux que l’art social ait à regler dans les sociétés policées, pour la prospérité des etats et le bonheur de l’humanité. Le premier est la perception vraiment économique des revenus publics ; le second est l’instruction générale aussi vraiment économique, d’où résulte l’opinion universelle et populaire. J’ai donné ci-dessus les premiers principes relatifs à ces deux points capitaux des monarchies, et j’ai promis de les traiter plus en détail, quand il s’agiroit de concilier ensemble l’autorité et la liberté, qu’un absurde et funeste préjugé regarde comme les deux opposés les plus inconciliables, pendant que dans la réalité, l’un est la cause et l’autre l’effet, comme j’ai déja commencé de le prouver, et comme j’espere le persuader intimement dans le développement des deux grandes questions qui vont nous occuper.

N⁰III. Perception économique des revenus publics .

J’ai donc promis (p.. 96) " d’expliquer le principe de vraie société, qui réunit évidemment les intérêts du souverain avec