Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/165

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Mais l’enseignement économique est le vrai remede à cet abus : c’est ce que je me propose de développer en peu de mots, sans insister sur des détails qui ne peuvent entrer dans un ouvrage élémentaire.

[368] Figurez-vous en effet un peuple totalement instruit, depuis plusieurs siecles, de tous les principes de la morale économique, aussi simple qu’elle est sublime et salutaire. Figurez-vous que l’universalité presque entiere des citoyens sait dès sa plus tendre jeunesse ce que c’est que propriété, que liberté, que justice, que bienfaisance, que crime et délit naturels, ce que c’est qu’autorité, qu’instruction, que protection, qu’administration, ce que sont les trois arts caractéristiques des États policés, ce que sont les trois classes d’hommes qui s’en occupent ; quels sont leurs devoirs et leurs droits respectifs ; quel est le vœu général de la nature, l’intérêt universel de l’espece humaine, le but des sociétés ; quelles sont les institutions sociales qui remplissent ce grand objet ; quelles sont les erreurs qui en détournent les hommes réunis en États politiques.

Ne voyez-vous pas dans cette ins[369]truction générale une contreforce naturelle opposée aux volontés usurpatrices et vexatoires, contreforce d’autant plus puissante que la conviction sera plus intime, la lumiere plus vive, le sentiment plus enraciné ?

Rappellez-vous que cet enseignement des précieuses vérités morales économiques est simple, naturel, satisfaisant pour l’esprit et pour le cœur ; qu’il est plus facile à inculquer au commun des hommes, que l’assemblage de traditions, d’opinions et de superstitions populaires, dont toutes les Nations connues sont infectées sans nulle exception, même les moins policées de l’Amérique septentrionale.

Considérons maintenant que les dangers à prévenir sont des usurpations de propriétés, des violations de libertés publiques ou particulieres, par des volontés spéciales et transitoires, ou par des [370] réglements généraux et permanents : ceci posé, faisons ce parallele.

Voici deux Empires, dans lesquels la force prédominante est exactement la même quant aux richesses du Souverain et au nombre de ses mandataires.

Mais dans l’un de ces Empires regne l’ignorance la plus profonde sur la loi de la justice essentielle, sur l’ordre bienfaisant de la