Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si c’est par le témoignage de celui qui reçoit les coups qu’on doit juger de leur effet, l’utilité de l’instruction universelle contre la tyrannie est démontrée par la haine des tyrans.

Le premier et le principal caractere [379] d’une Monarchie économique est donc l’établissement, le maintien, la perfection progressive et continuelle de l’enseignement universel, le plus clair, le plus efficace possible, qui grave profondément dans tous les esprits l’ensemble des principes simples, sublimes et sacrés de la loi de justice et de l’ordre de bienfaisance, principes évidemment éternels et immuables, qui sont de tous les temps, de tous les siecles et de tous les hommes.

Car, multiplier de plus en plus les objets propres aux jouissances utiles ou agréables qui font le bien-être et la propagation de l’espece humaine sur la terre, c’est évidemment le vœu de la nature, l’intérêt général de l’humanité, la bienfaisance essentielle.

Diminuer la masse de ces objets, empêcher leur accroissement, c’est évidemment le mal moral par essence, c’est l’injustice, le crime que rien ne peut pallier, [380] le délit qui porte le caractere naturel et ineffaçable de réprobation.

Respecter les propriétés et les libertés qui en sont la suite ; ne jamais les violer ni les opprimer, c’est justice naturelle, essentielle, éternelle, immuable ; c’est évidemment la condition absolue, indispensable, sans laquelle on ne peut remplir le vœu de la nature, ni suivre son attrait universel. Toute contravention à cette loi est évidemment en opposition formelle avec le devoir naturel, avec l’intérêt général de l’humanité.

Concourir à la perfection des libertés et à l’accroissement progressif des propriétés, c’est l’ordre naturel de bienfaisance qui résulte nécessairement des travaux de chaque Citoyen dans une Société bien organisée, par l’accroissement continuel du pouvoir, du savoir et du vouloir dans les trois classes d’hommes qui sont occupés des trois arts caractéristiques des États policés.

[381] Dans cette organisation prospere, les uns procurent immédiatement les jouissances utiles, ou par les formes qu’ils donnent aux productions de la nature et par l’assemblage qu’ils en font, ou par les services personnels d’agrément et d’utilité ; les autres operent et préparent la récolte de ces productions dans l’état de simplicité primitive ; les troisiemes rendent chaque portion du sol susceptible de ces travaux qui produisent la récolte ; les quatriemes