Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/175

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c’est-à-dire, la prérogative de donner à ses volontés, raisonnables ou non, justes ou non, avantageuses ou non pour l’humanité, la force de loi. Dépouiller de ce pouvoir telles ou telles personnes pour le transférer à telles ou telles autres, voilà tout ce qu’operent les troubles et les révolutions, qui ne sont jamais qu’offensives des hommes armés de ce pouvoir, et accusés d’abuser de leurs prérogatives. Bien loin d’être la vie des etats policés, cette guerre sourde et continuelle des gouvernements mixtes, si féconde en éruptions violentes, est la maladie qui les consume et les fait périr, la maladie, c’est-à-dire le vice contraire à une bonne et saine constitution. Le vrai moyen de la guérir, c’est de répandre dans tous les esprits la connoissance claire et distincte des vérités contraires à l’erreur fondamentale qui l’occasionne. Nulle volonté humaine n’a le droit de violer la loi naturelle, et de contredire aux regles de bienfaisance : un commandement de cette espece n’est point acte d’autorité, mais de force prédominante. Tout homme peut en être victime. C’est un calcul de sa prudence ; nul homme ne peut jamais sans crime s’en rendre complice. Mais ce n’est point par des hostilités contre les personnes, qu’on arrête l’abus des forces combinées pour le service de l’autorité. C’est par la démonstration de leur injustice, de leur déraison et des effets pernicieux qu’ils entraînent. Plus cette démonstration aura saisi les esprits, plus vous verrez naître d’obstacles à l’exécution des commandements arbitraires et désastreux. Toutes les loix sont faites par la nature, toutes sont renfermées dans sa loi primitive, éternelle, immuable de justice, et dans son ordre essentiel de bienfaisance : toute action, toute volonté, tout jugement conforme à cet ordre, à cette loi, sont bien ; tout ce qui leur est contraire est mal, de quelque part qu’il vienne, sous quelque forme qu’il se présente, et quelque espace de temps qui se soit écoulé depuis son établissement. Si on le souffre, c’est par violence et crainte de pis ; mais c’est toujours crime de le faire souffrir aux autres : si on en fait le mal, c’est crime de malice réfléchie ; si on ne le fait pas, c’est crime d’ignorance : c’est toujours crime, toujours délit.