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mêmes.

Article V. Analyse des relations politiques d’intérêt entre les trois classes des sociétés policées.

Rien de plus évident désormais, à ce que j’ose croire, que l’unité d’intérêt entre la classe propriétaire, la classe cultivatrice et la classe stérile d’un etat éclairé sur les principes de l’ordre bienfaisant et de la justice essentielle. Premierement les propriétaires fonciers ont un principal intérêt qui les unit intimement avec la souveraineté, par la raison que la prospérité de leurs héritages est d’autant plus assurée que l’autorité a plus de moyens pour remplir ses fonctions majestueuses d’instruire, de protéger, d’administrer, qu’elle a moins de tentations et de facilités malheureuses d’abuser des forces et des richesses combinées pour cet objet. Mais ils ont encore deux autres intérêts, dont le premier leur est commun avec la classe cultivatrice, l’autre avec la classe stérile. En effet, que l’etat ait le bonheur de posséder un très grand nombre d’entrepreneurs, de directeurs en chef de toutes sortes d’exploitations productives ; qu’ils aient tous beaucoup de lumieres et de richesses, des atteliers opulents, des instruments expéditifs, des coopérateurs exercés, libres, exempts ainsi que leurs chefs mêmes, de toute exaction, de toute gêne, de toute contrainte : il est d’une suprême évidence que le produit net ou le revenu clair et liquide annuel des propriétaires fonciers dépend immédiatement de cette prospérité de la classe cultivatrice. Je l’ai déja fait observer deux fois, et je le répete pour la troisieme (car quelle est la vérité frappante et utile qu’il ne faut pas répéter cent fois avant de la faire comprendre, de la persuader et sur-tout d’en faire tirer des conclusions pratiques ? ) la production totale et le produit net d’un héritage sont absolument relatifs non seulement aux avances foncieres du maître, mais encore aux avances d’exploitation, autant qu’aux avances souveraines. Supposez que le sol d’un canton, d’une province, d’un etat, soit totalement vivifié par les grands travaux de l’administration publique, et par les avances foncieres de l’administration privée ; alors tout dépend évidemment des exploitations productives,