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sée de plusieurs petites familles particulieres, et l’autorité publique n’est que le devoir et le droit de pourvoir à l’instruction, à la protection, à l’administration universelle.

Mais le chef d’une famille particuliere a souvent besoin de s’associer des coopérateurs pour l’accomplissement de ses devoirs et l’exercice de ses droits, parce-que la multitude et la variété des soins qu’ils exigent, demandent plus de forces [43] physiques et morales qu’un seul homme n’en peut employer.

À plus forte raison le chef de la grande famille, qui est le souverain, a-t-il besoin de s’associer, ou plutôt de mettre en mouvement une foule d’agents, sans lesquels il ne pourroit ni accomplir ses devoirs, ni exercer le droit qu’il a de pourvoir à l’instruction, à la protection, à l’administration générale.

Ces agents sont les mandataires et les représentants du souverain dans tout ce qui regarde l’exercice de l’autorité publique. Ils lui sont comptables de la maniere dont ils s’acquittent des emplois qui leur sont confiés.

On doit donc distinguer trois ordres de mandataires, suivant les trois fonctions de l’autorité publique. Ordre de l’instruction, ordre de la protection, ordre de l’administration.

[44]

No Premier.

Premier Ordre de Mandataires du Souverain, ou Ordre de l’Instruction.

Dans le premier ordre sont compris non-seulement les instituteurs publics ordonnés par le souverain, pour l’éducation qui forme l’esprit et le cœur, qui développe l’adresse, l’industrie et toutes les qualités utiles ; mais encore les Ministres du culte[1], qui n’est à propre[45]ment parler (quant aux effets civils et par relation à

  1. Les Ministres de la Religion, comme dépositaires et dispensateurs de la Doctrine révélée, ne sont ni mandataires, ni représentants du Souverain. Ils tiennent leur pouvoir et leur mission de Dieu, qui a voulu que l’homme n’apprît immédiatement que de lui les moyens d’être heureux dans l’autre vie. Mais tout ce qui peut contribuer à son bonheur dans celle-ci, est, et du ressort et de la raison, et soumis à l’autorité publique, dont elle doit guider la marche. Tous ceux qui peuvent hâter les progrès de la raison, deviennent donc aussi, sous ce point de vue, ministres et agents du Souverain. Ils servent son pouvoir. Il les surveille et doit les encourager.