Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/78

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fiques propriétés souveraines, qui caractérisent si majestueusement les Empires vraiment policés ; par-tout des chemins, des ponts, des eaux navigables ; par tout l’instruction, la justice, la sureté des propriétés.

En conséquence, représentons nous le sol enrichi par l’administration privée de grandes et fortes avances foncieres ; toutes les carrieres, toutes les mines, tous les pâturages, tous les terroirs propres, soit aux plantations, soit aux cultures diverses, préparés de la maniere la plus convenable, pourvus des édifices [135] et des commodités de tout genre qui leur sont utiles.

Que nous reste-il à imaginer pour y voir tout-à-coup les plus riches exploitations, sources des plus abondantes récoltes ?

Rien de plus évident, il nous faut une race nombreuse de Fermiers ou Cultivateurs en chef, qui aient acquis les connoissances de leur art, qui soient animés par une grande émulation à mettre leur savoir en usage, et qui possédent de grands moyens d’exercer cet art productif, de le maintenir, de le perfectionner de plus en plus.

Il est certain que l’industrie, l’activité, la richesse d’une race nombreuse de Fermiers, étant ajoutées à l’art, à l’émulation, aux dépenses de l’administration publique du souverain, et de l’administration privée des propriétaires fonciers, font prospérer la culture et multiplier les récoltes.

[136] La perfection progressive et continuelle de l’art productif dans les États policés, sera donc d’autant plus infaillible, d’autant plus solide, d’autant plus prompte dans un État policé, que la classe des Fermiers ou Chefs d’exploitations productives sera plus nombreuse, plus habile, plus active, plus opulente.

C’est sous ce point de vue qu’il faut considérer très attentivement les États policés, leur administration, leurs loix et leurs usages.

Si vous voyez dans un Empire, que tout tend à diminuer la race des Fermiers, à les avilir, à les dépouiller, à les réduire au plus déplorable état d’ignorance, d’abrutissement, d’assujettissement, de détresse et de misere, dites hardiment que cette société tend à sa décadence, au lieu de marcher dans la route de la prospérité progressive et continuelle.

C’est un des fléaux qu’entrainent le luxe public, l’impôt déréglé, le monopole soit disant légal, comme je l’expliquerai dans la suite.