Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/81

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nombre et par les forces physiques de ces ouvriers, que se regle la grandeur des récoltes ; que c’est 1o  par l’intelligence du chef qui les fait mouvoir, par la grandeur et la bonté de son riche attelier ; 2o  par la solidité, par la perfection des travaux qu’ont fait les propriétaires sur leurs héritages pour les rendre susceptibles de cette culture opulente ; 3o  par le bon ordre de l’administration suprême.

Remarquez bien, que cent hommes aussi robustes, mais isolés, mais [143] dénués d’art, d’instruments et de moyens, opérant sur le même sol mal défriché, sous un Gouvernement dévastateur ou négligent, n’obtiendroient pas la moitié des récoltes que les vingts hommes font naître tous les ans.

Avances primitives de l’exploitation faites en grand par le Chef ou l’Entrepreneur de la culture, et avances annuelles de la même exploitation, premiere cause du travail de ces manœuvres et de son succès.

Avances foncieres du propriétaire particulier, seconde cause ; avances souveraines de l’autorité, troisieme cause.

Multipliez donc ces hommes utiles et leur travail immédiatement productif des récoltes, après avoir multiplié préalablement les richesses employées en avances souveraines, en avances foncieres, en avances primi[144]tives ou annuelles d’exploitation. C’est de-là que dépend évidemment la prospérité des États, le bien-être de toute l’espece humaine sur la terre.

« Mais vouloir entasser des hommes dénués de savoir, d’émulation, de moyens sur un sol encore à demi sauvage : c’est une illusion ».

Ces considérations économiques donnent la clef d’une question politique devenue fort importante, par des erreurs qui dérivent d’une source respectable.

Nos campagnes ont-elles assez de bras, assez d’ouvriers employés aux exploitations productives des trois regnes de la nature ? En ont-elles trop ? En ont-elles trop peu ?

La réponse ne paroît pas problêmatique, et vous entendrez crier par-tout d’une voix unanime, elles en ont trop peu.

La vérité cependant, c’est qu’elles en ont trop actuellement dans presque tou[145]te l’Europe. Je parle des campagnes réellement cultivées, ou des autres fonds productifs de tout genre actuellement exploités.