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/\3o CHARLES BAUDELAIRE

le mien, une certaine accusation d’ingratitude con- tre le gouvernement de Napoléon. Vous me par- donnez, n’est-ce pas ? de violer les limites de la discrétion ; vous savez combien je vous aime, et puis je bavarde comme quelqu’un qui a rarement l’occasion de causer.

Je viens de lire le long discours d’Emile Ollivier. C’est bien singulier. Il parle, ce semble, avec l’au- torité d’un homme qui a un gros secret dans sa poche.

Avez-vous lu l’abominable feuilleton de Janin contre les poètes mélancoliques et railleurs (à pro- pros de Henri Heine) ? Et Viennet, cité parmi les grands poètes de la France ! Et quinze jours après, feuilleton en faveur de Cicéronf Est-ce qu’il prend Gicéron pour un orléaniste ou pour un académicien ? M. de Sacy dit : Cicéron, c’est notre César, à nous ! Oh ! non, n’est-ce pas ?

Votre bien affectionné.

Sans aucune transition, je vous dirai que je viens de trouver une admirable ode mélancolique de Shelley, composée au bord du golfe de Naples, et qui se termine par ces mots :

Je sais que je suis de ceux que les hommes n aiment pas, mais je suis d ’ ceux dont ils se souviennent !

A la bonne lieure ! voilà de la poésie.