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LE

JEUNE ENCHANTEUR[1]

HISTOIRE TIRÉE D’UN PALIMPSESTE
DE POMPEÏA





Pendant les fouilles faites en présence du roi de Naples, lors de la restauration de 1815, on trouva dans une des chambres de la maison d’Actéon une grande fresque d’une beauté très-particulière, qui représentait un groupe de nymphes dont les yeux étaient tournés vers la figure principale. Derrière celle-ci, un jeune Amour, penché galamment à son oreille, avait l’air de lui chuchoter quelque mystère. La grâce exquise des formes, le geste vif et empressé du petit chuchoteur, l’aimable tournure des nymphes, et même le singulier éclat des couleurs que dix-sept siècles au moins avaient respecté, attiraient les yeux de tous les artistes et de tous les connaisseurs. Naturellement l’imagination

  1. Ce conte a paru pour la première fois en 1846, dans le feuilleton du journal l’Esprit public.