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produit pénètre dans le corps pendant l’acte de la respiration, ou se dépose sur des aliments qui sont ingérés dans l’estomac ?

Je n’ai observé qu’un seul fait qui semble indiquer qu’un individu atteint du choléra puisse transmettre cette maladie.

Mme Catherine Laurent (femme Blenard), demeurant à Préseaux, arrondissement de Valenciennes, est venue à Estreux, le 5 juillet 1832, pour soigner ses parents qui étaient atteints du choléra : tous succombèrent, elle-même fut atteinte par la maladie. Lorsque, le 10 de ce mois, je fus appelé pour la voir, elle avait été transportée chez son beau-père, qui demeurait dans la même commune. Elle allaitait un enfant, et son état était fort grave. L’enfant succomba le 13 ; le 14, la mère était convalescente ; mais, le 18, le beau-père et la belle-mère présentèrent tous les symptômes du choléra. Tous furent sauvés.

D’après cette observation, Mme Blenard, après avoir été infectée par le choléra dans une partie de sa famille, semble avoir transporté cette maladie dans une autre partie de cette même famille ; mais le choléra régnait dans la commune, et rien ne prouve qu’il n’ait pu atteindre les individus qu’il a frappés sans l’intermédiaire de cette femme. Je ne puis donc rien affirmer à cet égard. Votre expérience, Messieurs, suppléera à ce qui manque dans cette partie de mes observations. Cependant, je dois ajouter qu’il n’émane rien de nuisible des cholériques ni des produits morbides que l’on peut en extraire.

M. Bernadet, qui a fait tant d’autopsies pour extraire les produits qui ont été l’objet de mon travail, n’a jamais éprouvé la moindre atteinte de choléra. En outre, tous les produits qui sont sur cette table et qui sont principalement représentés par du sang et des déjections de cholériques, ont été desséchés dans une étuve placée dans le laboratoire de la Faculté des Sciences ; les vapeurs qui en émanaient s’échappaient dans ce même laboratoire : elles étaient infectes ; cependant, j’y suis resté plongé, ainsi que le garçon de mon laboratoire, pendant plus d’un mois, et nous n’en avons été nullement incommodés.

J’ajouterai quelques observations qui tendent à démontrer que le choléra franchit rapidement de grands espaces par la voie de l’air.

En 1832, j’exerçais la médecine à Valenciennes. Le choléra régnait à Paris, et aucun cas ne s’était présenté dans la région