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cieuse propriété. Quand on la posait devant soi et qu’on disait : « Table, couvre-toi, » elle se couvrait à l’instant même d’une jolie nappe en toile bien blanche, avec une assiette, un couteau et une fourchette, des plats remplis de mets de toute sorte, autant qu’il y avait de place, et un grand verre plein d’un vin vermeil qui réjouissait le cœur. Le jeune compagnon se crut riche pour le reste de ses jours, et se mit à courir le monde à sa fantaisie, sans s’inquiéter si les auberges étaient bonnes ou mauvaises et s’il y trouverait ou non de quoi dîner. Et même, quand l’envie lui en prenait, il n’entrait nulle part, mais en plein champ, dans un bois, dans une prairie, il posait sa table devant lui, et en lui disant seulement : « Couvre-toi, » il était servi au même moment.

Il eut enfin l’idée de retourner chez son père, espérant qu’il trouverait sa colère apaisée et qu’avec la table merveilleuse il serait bien reçu. Sur sa route, il entra un soir dans une auberge qui était pleine de voyageurs ; ils lui souhaitèrent la bienvenue et l’invitèrent à se mettre à table avec eux, parce qu’autrement il aurait bien de la peine à trouver de quoi manger : « Non, répondit-il, je ne veux pas de votre écot, mais je vous invite à prendre part au mien. »

Ils se mirent à rire, croyant qu’il voulait plaisanter ; cependant il dressa sa table au milieu de