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près du vieillard pour gagner de nouveaux trésors. Le tailleur refusa, disant « J’en ai assez, et je suis content ; je veux seulement devenir maître en mon métier et épouser mon charmant objet (il appelait ainsi sa promise) et je serai un homme heureux. » Cependant pour faire plaisir à l’autre, il consentit à rester un jour encore.

Le soir, le forgeron prit deux sacs sur ses épaules pour emporter bonne charge, et il se mit en route vers la colline. Comme la nuit précédente il trouva les petites gens chantant et dansant ; le vieillard le rasa et lui fit signe de prendre des charbons. Il n’hésita pas à emplir ses poches et ses sacs, tant qu’il y en put entrer, s’en retourna joyeux à l’auberge et se coucha tout habillé. « Quand mon or commencera à peser, se dit-il, je le sentirai bien » et il s’endormit enfin dans la douce espérance de s’éveiller le lendemain matin riche comme un Crésus.

Dès qu’il eut les yeux ouverts, son premier soin fut de visiter ses poches ; mais il eut beau fouiller dedans, il n’y trouva que des charbons tout noirs. « Au moins, pensait-il, il me reste l’or que j’ai gagné l’autre nuit. » Il y alla voir ; hélas ! cet or aussi était redevenu charbon. Il porta à son front sa main noircie, et il sentit que sa tête était chauve et rase ainsi que son menton. Pourtant il ne connaissait pas encore tout son malheur : il vit bientôt