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Puis elle appela : « Blancheneige, Rougerose, revenez ; l’ours ne vous fera pas de mal, il n’a que de bonnes intentions. »

Elles revinrent toutes deux, et peu à peu l’agneau et la tourterelle s’approchèrent aussi et oublièrent leur frayeur.

L’ours dit : « Enfants, secouez un peu la neige qui est sur mon dos ! »

Elles prirent le balai et lui nettoyèrent toute la peau ; puis il s’étendit devant le feu en faisant des grognements d’aise et de satisfaction. Elles ne tardèrent pas à se rassurer tout à fait et même à jouer avec cet hôte inattendu. Elles lui tiraient le poil ; elles lui montaient sur le dos, le roulaient dans la chambre, lui donnaient de petits coups de baguette, et, quand il grognait, elles éclataient de rire. L’ours se laissait faire ; seulement, quand le jeu allait trop loin, il leur disait : « Laissez-moi vivre ; ne tuez pas votre prétendu. »

Quand on alla se coucher, la mère lui dit : « Reste là, passe la nuit devant le feu ; au moins tu seras à l’abri du froid et du mauvais temps. »

Dès l’aurore, les petites filles lui ouvrirent la porte, et il s’en alla dans le bois en trottant sur la neige. A partir de ce jour, il revint chaque soir à la même heure ; il s’étendait devant le feu et les enfants jouaient avec lui tant qu’elles voulaient. On était tellement accoutumé à sa présence qu’on ne