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charrue et se tint à distance. Alors le jeune homme, saisissant l’instrument d’une seule main, appuya dessus avec une telle force, que le soc s’enfonça profondément en terre. Le paysan ne put s’empêcher de lui crier : « Si tu veux labourer, il ne faut pas enfoncer si avant ; cela fait un mauvais travail. »

Alors le jeune homme détela les chevaux, et s’attela lui-même à la charrue en disant à son père : « Allez à la maison et recommandez à ma mère de m’ apprêter un dîner copieux ; pendant ce temps-là je vais achever de labourer cette pièce. »

Le paysan, de retour chez lui, transmit la recommandation à sa femme. Quant au jeune homme, il laboura le champ, qui avait bien quatre arpents, à lui tout seul ; et ensuite il le hersa en traînant deux herses à la fois. Quand il eut fini, il alla au bois, arracha deux chênes qu’il mit sur ses épaules, et, suspendant à l’un les deux herses et à l’autre les deux chevaux, il emporta le tout chez ses parents, aussi aisément qu’une botte de paille.

Lorsqu’il fut entré dans la cour, sa mère, qui ne le reconnaissait pas, s’écria : « Quel est cet affreux géant ?

— C’est notre fils, dit le paysan.

— Non, dit-elle, notre fils n’est plus. Nous n’en avons jamais eu un si grand ; il était tout petit.

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