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longue d’une aune. La barbe était prise dans une fente de l’arbre, et le nain sautillait comme un jeune chien après une ficelle, sans pouvoir la dégager. Il fixa des yeux ardents sur les deux petites et leur cria : « Que faites-vous là plantées, plutôt que de venir à mon secours ?

— Pauvre petit homme, demanda Rougerose, comment t’es-tu ainsi pris au piège ?

— Sotte curieuse, répliqua le nain, je voulais fendre cet arbre, afin d’avoir du petit bois en éclats pour ma cuisine ; car nos plats sont mignons et les grosses bûches les brûleraient ; nous ne nous crevons pas de mangeaille comme votre engeance grossière et goulue. J’avais donc déjà introduit mon coin dans le bois, mais ce maudit coin était trop glissant ; il a sauté au moment où je m’y attendais le moins, et le tronc s’est refermé si vile que je n’ai pas eu le temps de retirer ma belle barbe blanche ; maintenant elle est prise et je ne peux plus la ravoir. Les voilà qui se mettent à rire, les niaises figures de crème ! Fi ! que vous êtes laides ! »

Les enfants eurent beau se donner du mal, elles ne purent dégager la barbe, qui tenait comme dans un étau. « Je cours chercher du monde, dit Rougerose.

— Appeler du monde ! s’écria le nain de sa voix rauque ; vous êtes déjà trop de vous deux, imbéciles bourriques !