Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/79

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— Vas-y, dit la femme ; elle peut le faire, elle le fera volontiers ; va, te dis-je. »

L’homme sentait cette démarche lui peser sur le cœur, et ne se souciait point de la faire ; il se disait à lui-même : « Cela n’est pas bien. » Pourtant il obéit.

Quand il arriva près de la mer, l’eau était violette et d’un bleu sombre, grisâtre et prête à se soulever ; elle n’était plus verte et jaune comme auparavant ; pourtant elle n’était point agitée. Le pêcheur s’approcha et dit :

Tarare ondin, Tarare ondin,
Petit poisson, gentil fretin,
Mon Isabeau crie et tempête ;
Il en faut bien faire à sa tête.

« Et que veut-elle donc ? dit la barbue.

— Ah ! dit l’homme à demi troublé, elle veut habiter un grand château de pierre.

— Va, dit la barbue, tu la trouveras sur la porte. »

L’homme s’en alla, et croyait retrouver son logis ; mais, comme il approchait, il vit un grand château de pierre, et sa femme se tenait au haut du perron ; elle allait entrer dans l’intérieur. Elle le prit par la main et lui dit : « Entre avec moi. » Il la suivit, et dans le château était un vestibule immense dont les murs étaient plaqués de marbre ; il y avait une foule de domestiques qui ouvraient avec fracas les portes devant eux ; les murs étaient brillants et couverts de belles tentures ; dans les appartements