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RUE PRINCIPALE

te dont il l’avait extraite et sa bouche. Ninette releva la tête et posa sur Bob un regard où il y avait à la fois de la terreur, de l’incrédulité et du mépris. Marcel pâlit. Seul l’avocat de la défense continua de sourire.

— Voulez-vous m’expliquer, dit-il, comment vous avez acquis cette conviction ?

— C’est le garçon de salle de chez Tony qui m’a dit que Marcel avait gagné le revolver, la veille du jour de la bagarre, au cours d’une partie de poker.

— Voyez-vous ça ! ricana Falardeau ; il est joueur par dessus le marché.

— Je vous en prie, maître Falardeau, vous parlerez à votre tour, dit le juge.

Et Bob reprit son témoignage.

— Ce soir-là, à la fin d’une partie de poker, un étranger qui n’avait pas eu de chance de la soirée, devait cinq piastres à Marcel Lortie et n’avait plus que quelques cents en poche. Il lui a offert le revolver en question, et Marcel, plutôt que de ne rien avoir du tout, a fini par accepter.

— Êtes-vous sûr que le garçon de salle ne se trompe pas ? Êtes-vous sûr que c’est bien Marcel Lortie qui est devenu propriétaire d’un revolver dans les circonstances que vous dites ?

— Le garçon de chez Tony est catégorique.

— Je vous remercie, monsieur Gendron. Je n’ai pas d’autre question à poser au témoin, Votre Seigneurie.

— Moi non plus, Votre Seigneurie, s’empressa de dire Falardeau.

Et ça, tout le monde le comprenait. Ce que l’avocat de Marcel venait de faire, c’était produire un témoignage écrasant pour l’accusé. Quel pouvait bien avoir été son but ?