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RUE PRINCIPALE

— Je crois, commença le jeune défenseur, que la preuve établie par mon honorable adversaire a toutes les qualités de solidité qu’offrent habituellement ces châteaux de cartes, échafaudés par les enfants seuls, les jours de pluie. Qu’un souffle, même léger, vienne à passer sur un de ces fragiles édifices de carton, et lamentablement, il s’écroule. Ce souffle, Votre Seigneurie, vous allez le sentir passer, et je suis persuadé que la seule victime de l’écroulement qui suivra, sera le sentiment d’ineffable satisfaction qui emplit, pour le moment, le cœur de mon adversaire. Greffier, veuillez avoir l’obligeance de faire appeler le premier témoin de la défense, le sergent Robert Gendron.

Il y eut dans la foule, tandis que le greffier faisait son métier, ce qu’il est convenu d’appeler des mouvements divers. Mais encore une fois, le regard courroucé du juge mit rapidement fin à toute velléité de manifestation.

Bob, d’un pas rapide et décidé, avait gravi les deux marches de bois du box des témoins, et ayant prêté serment, attendait patiemment qu’on l’interrogeât.

― Sergent Gendron, si je ne me trompe, questionna maître Martin, vous vous êtes occupé activement de l’affaire Lortie, depuis le lendemain même de l’arrestation de l’accusé ?

— En effet.

— Vous avez surtout cherché à retrouver le véritable propriétaire de l’arme produite ici même, comme pièce à conviction, et dont on cherche à attribuer la propriété à Marcel Lortie ?

— Oui.

— Voulez-vous dire au tribunal si vous avez finalement découvert la provenance réelle de cette arme ?

— Oui, je sais d’où elle vient.